24.11.14

Fer de Mbalam : Ce que le Cameroun gagne vraiment


François Bambou
Fer de Mbalam : Ce que le Cameroun gagne vraiment 
lundi, 17 novembre 2014 14:15  

La vérité sur les gains du Cameroun dans le cadre de l’exploitation du minerai de fer de Mbalam.

Le Cameroun floué lors de la signature de la convention en vue de l’exploitation minière de Mbalam ? C’est en tout cas la thèse soulevée par un récent rapport du Columbia Center on Sustainable Investment (CCSI), un organisme américain qui dit avoir analysé la convention entre le Cameroun et les futurs exploitants du minerai de fer de Mbalam. Ce rapport assez mal renseigné sur bien des aspects a vite soulevé la réaction d’experts camerounais, qui soulignent de nombreuses insuffisances qui induisent le cabinet américain en erreur, l’amenant à minimiser les gains à engranger par le Cameroun dans le cadre de ce programme, qui va mobiliser quelque 3500 milliards de francs CFA pour sa mise en place. C’est dont un des plus grands projets infrastructurel et minier jamais construit en Afrique centrale. «Non, le Cameroun n’a pas été berné, au contraire. Les conclusions du Rapport Columbia sont inexactes dans la mesure où elles sont basées sur des hypothèses incorrectes », plaide un responsable du Cabinet Financia qui conseille le Cameroun dans la conception et la mise en œuvre des aspects financiers du projet. Cette conclusion est motivée par les raisons suivantes : « le Rapport Columbia se base sur un total des investissements du projet inférieur de 2 milliards USD au total des investissements réels ce qui augmente artificiellement le taux de rentabilité (26% dans le Rapport Columbia contre 17,8% dans la Convention) ; Plusieurs dispositions de la Convention ne sont pas prises en compte dans le Rapport Columbia à l'instar de la redevance domaniale, le fonds de développement durable et de soutien à la communauté et les routes du Projet. Ce biais réduit les projections des revenus de l'Etat Camerounais de près de 700 millions US$ (350 milliards de Francs Cfa, NDLR) cumulés, nominaux sur 25 ans ». Par ailleurs, souligne le même interlocuteur, le rapport Columbia limite les projections dans la mesure où il ne tient pas compte de près de quinze (15) années d'exploitation supplémentaires prévues dans la Convention, ce qui a également pour inconvénient de priver son analyse de 15 ans de ressources engrangées par le Cameroun. Il s’agit pourtant ‘information publiques. L’organisme américain les aurait il délibérément ignoré ? A quelle fin ? Mystère.

Dans le détail, cet expert note que les projections du Rapport Columbia  sont opérées sur la base d'un prix FOB supérieur de 63% à celui prévu dans la Convention. Ce prix est donc artificiellement élevé par rapport à celui qui constitue la base de l'accord entre l'Etat camerounais et Sundance. Par exemple, pour souligner les prétendues pertes fiscales que subirait le Cameroun, le prix à long terme FOB du pris en compte dans le Rapport Columbia (117 US$/t coût assurance fret (CIF) en Chine et 93 US$/t free on board (FOB) au Cameroun) est basé sur un minerai dont la teneur en fer est de 100%, « ce qui est inexact », s’empresse de préciser la contre expertise de Financia. Car les termes des calculs effectués dans le cadre de la convention entre le Cameroun et le consortium d‘exploitation du minerai de fer de Mbalam sont plutôt de 111 US$/t coût assurance fret (CIF) en Chine et 57 US$/t free on board (FOB) au Cameroun, ces prix étant basé sur 63,1 % de teneur en fer. Mieux, même pour ce qui est des couts de transport du minerai, les « experts » américains estiment à 24 US$ / tonne le coût relatif au fret maritime, ce qui des le cadre des études comparatives des tarifs est faux car de Kribi à Qingdao le cout est plutôt de 40 US$/t environ. Le Rapport Columbia indique une production au Cameroun en phase" inférieure de près de 65% à celle indiquée dans la Convention. De ce fait, il biaise les projections financières du Projet et ne correspond à l'accord entre L'Etat camerounais et Sundance. « Par conséquent, s’indigne le document de contre expertise, le prix à long terme du Rapport Columbia ne correspond ni aux caractéristiques du minerai de Mbalam, ni au benchmark de fret maritime », conclut cette analyse qui taille en pièces les « arguments » du Columbia Center on Sustainable Investment (CCSI).

Le Rapport Columbia n'inclut pas une part significative des revenus de l'Etat Camerounais (350 millions US$ cumulés sur 35 années d'exploitation) au titre de la redevance domaniale. Une autre confusion apparait dans les aspects sociaux, lorsque le cabinet Columbia estime la Contribution du Promoteur dans le Fonds de développement durable et de soutien à la  communauté à 0,7 million US$ par an pendant la période de construction. Alors que le volume de ressources allouées à la RSE au profit des communautés est indexé sur les profits des compagnies opérants dans le projet : 0,75 % des profits nets des sociétés de projet après taxe durant la période d'exploitation. Au total donc, estiment les experts Camerounais sur cet aspect, le Rapport Columbia ne  considère pas une part  significative des engagements de Sundance au titre de ce  fonds environ 100 de revenus cumulés nominaux sur 40 ans environ selon la Convention). Toujours concernant la RSE au bénéfice des camerounais, la Convention stipule que les sociétés de projet s'engagent sur un budget minimal de formation qu'elles utiliseront directement ou par l'intermédiaire de leurs Co-contractants Principaux et/ou Sous-traitants Principaux, de la manière suivante : pendant la Phase de Construction, une somme totale minimum de 3,5 milliards de francs Cfa, la quelle sera renouvelée si la phase de construction excède trois ans, elle s'engage à renouveler. Puis chaque année pendant la phase d’exploitation, ces firmes consacreront un total de 1,5 milliards de francs Cfa par an à la formation de camerounais aux métiers de la mine. L’objectif des autorités camerounaises, en incluant cette clause, était de faire du Cameroun, un pays exportateurs de main d’œuvre et de savoir faire minier dans une sous-région où nous sommes seuls à parler anglais, langue par excellence de l’activité minière. 

Sur les baux de projet également, l’étude querellée indique que les baux divers (différentes redevances sur l’occupation foncière) sur le projet sont de l’ordre de 1millions de dollars par an. Or si c’est effectivement le cas pendant la période de construction de la mine, ces baux montent à 10 millions de dollars par an au cours de la période de d’exploitation. De ce fait, sur les 35 ans d’exploitation, l’étude des américains ne prend pas en compte quelques 175 milliards de Francs Cfa de gains directs pour l’Etat.

Plus grave, le conseiller de l’Etat camerounais estime que le Rapport Columbia ignore le cadre tarifaire annexé à la Convention, précisant que l'Etat Camerounais s'est assuré d'un dimensionnement des infrastructures ferroviaires et portuaires pouvant disposer d'une capacité de 100 millions de tonnes. « Cette capacité est supérieure de 65 millions de tonnes à la capacité initiale prévue dans la Convention pour les besoins de Cam Iron (35 millions de tonnes). L'Etat Camerounais sera ainsi en mesure de bénéficier de revenus significatifs du fait de l'utilisation de ces infrastructures par les tiers et de l'augmentation éventuelle du prix du fer ».



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