7.12.15

Cameroun : la société chinoise Top International Engineering Corp gagne un marché d’un milliard FCfa à la Sonara

Le gouvernement camerounais vient de confier le marché pour le remplacement des toits des bacs à la Société nationale de raffinage (Sonara) à la société chinoise Top International Engineering Corp, pour un montant de 1,154 milliard de francs Cfa, a-t-on appris officiellement. Le délai d’exécution des travaux est de six mois.

L’entreprise chinoise a été préférée au groupe français Frielander, éliminée pour «offre technique insuffisante», ainsi qu’un groupement conduit par la société portugaise Cimontubo, dont l’offre financière a été jugée élevée.

Top International Engineering Corp, filiale de Shaanxi Construction Engineering Group Corporation, fait partie du top 500 des entreprises chinoises. La société est présente dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest.



Le Cameroun est proche d'un accord définitif avec des Chinois sur le chemin de fer Mbalam-Kribi

Le Cameroun est proche d'un accord définitif avec des Chinois sur le chemin de fer Mbalam-Kribi

S'adressant à ses investisseurs lors de l'Assemblée Générale annuelle qui s'est tenue ce 30 novembre 2015 en Australie, Giulio Casello, le directeur général de Sundance Resources, a annoncé que le gouvernement camerounais, son partenaire dans le projet d'exploitation du gisement de fer de Mbalam (Est du Cameroun), était proche d'un accord avec l'opérateur chinois qui construira le chemin de fer reliant cette localité au port d'évacuation de Kribi.
Les autorités camerounaises ne communiquent pas directement sur ce dossier, mais on peut faire une liaison entre cette annonce, et celle faite par le Premier Ministre Philemon Yang aux représentants du peuple, alors qu'il leur présentait son plan économique et social pour l'année 2016. A cette occasion, il a fait mention de l'intention de contracter des prêts-projet, pour un montant d'un peu plus de 500 millions $. Rappelons que c’est lui qui avait conduit les discussions sur le sujet, avec son homologue chinois
Des propos du directeur général de Sundance Resources, c'est une entreprise chinoise, et très probablement la China Ghezouba Group, qui aura la charge de construire cette infrastructure. Le contrat, déjà rédigé, fait actuellement l'objet de relecture par les différentes parties, avant sa signature. Pour ce qui est du financement, il devrait prendre la forme d'un prêt souverain accordé par la Chine au Cameroun, mais aucun montant n'est encore avancé.
Cette évolution des choses est considérée par la firme australienne comme un atout majeur dans la poursuite du projet. Malgré un environnement international marqué par le repli des prix des matières premières, Sundance Resources estime que cette réduction de charge lui permettra d'avancer vers l'exploitation avec des coûts optimisés.
Toutefois, les premières tonnes de minerai de fer ne sortiront pas du Cameroun avant 2020. L'opérateur doit encore obtenir l'approbation du parlement pour la partie congolaise de son projet, mais il est confiant. La finalisation de l'accord de financement du chemin de fer entre le Cameroun et la partie chinoise devrait intervenir au cours du  deuxième trimestre 2016. La construction de la mine interviendra elle au cours du troisième trimestre 2017, avant la commercialisation du minerai.
Au cours de l'assemblée générale, l'essentiel des résolutions proposées par le conseil d'administration de Sundance Resources a été voté par les actionnaires. Un vote important a concerné celui du rééchelonnement de sa dette. De nouveaux acteurs ont trouvé place au conseil d'administration

Idriss Linge

Source

16.11.15

Hydrocarbures: que fait le Cameroun de son pétrole?


La production nationale du brut a dépassé les 100 000 barils jour. Une première depuis 13 ans.

Elle ne pouvait pas mieux tomber, la hausse de la production pétrolière du Cameroun ; en ces temps de baisse vertigineuse des prix sur le marché international. La Société nationale des hydrocarbures (Snh) annonce qu’au 30 juin 2015, le pays a franchi la barre de 100 000 barils de pétrole brut par jour. Ce n’était plus arrivé depuis 2002. Ainsi, la production nationale sur le premier semestre de l’année a atteint 16,44 millions de barils. Soit une hausse de 22,79%. Du coup, à l’issu du partage avec les sociétés d’exploitation, les quantités qui reviennent à l’Etat du Cameroun ont atteint 10,728 millions de barils, soit une croissance de 40,25%. La  production du pétrole ainsi relancée, a permis de couvrir le manque à gagner provoqué par l’effondrement des prix sur le marché international.

De janvier à juin, la Snh a reversé au Trésor public la somme de 173,438 milliards F.Cfa. C’est plus que la moitié de l’objectif annuel fixé à 264,25 milliards. Pour autant, les recettes sur le premier semestre 2015 n’atteignent pas celles de 2014 sur la même période. L’enveloppe a chuté est de 38,89%. L’objectif de recettes pétrolières 2015 avait été fixé en tenant compte du marché international Camer.be ; et il est clair que Cameroun gagnera moins d’argent cette année. En effet, entre juin 2014 et juin de cette année, le prix de vente du pétrole brut camerounais a baissé de 46,9%, pour retomber à 57,84 dollars US.Pourvu que la production continue de croître suffisamment pour permettre de juguler la baisse des prix.

Il faut éviter le scénario de 2014 où la production a dépassé celle de 2013, mais le montant des ventes est resté en deçà. Pour le moment, la donne est différente à cause de la forte production sur le 6 premiers mois de 2015. Cette production permet à la Sonara de maintenir le niveau des recettes malgré l’effondrement des prix. D’un autre côté, ces prix profitent bien à la Société nationale de raffinage (Sonara) qui achète sur le marché international le pétrole qu’elle raffine. Seulement, l’effet reste attendu à la pompe où aucun franc n’a été enlevé au litre du carburant et du pétrole lampant. A la Snh, l’optimisme vient également du gaz dont les quantités ont augmenté de 24,27% sur les 12 mois jusqu’en juin 2015. La production a ainsi atteint 7 285, 19 millions de pieds cubes. C’est de bon augure pour l’approvisionnement du pays en énergie électrique, car le gaz produit alimente non seulement la centrale thermique de Kribi connecté au champ de Sanaga Sud, mais aussi les 33 sociétés industrielles déjà reliées au champ de Logbaba à Douala.

En 2014, la Snh a réalisé un chiffre d’affaires de 20,573 milliards F.Cfa sur les ventes du gaz. Cette même année, l’entreprise a reversé au Trésor public 444,738 milliards. Soit plus que la participation attendue au budget de l’Etat, fixée à 422,323 milliards. Si la production du pétrole permet la Snh permet de maintenir la baisse des recettes liée au prix.

Chiffres d’affaires de la Snh sur les 5 dernières années

2010 : 1,172 milliards de dollars US
2011 : 1,646 milliards de dollars US
2012 : 1,544 milliards de dollars US
2013 : 1,687 milliards de dollars US
2014 : 1,532 milliards de dollars US
© Le Jour : Assongmo Necdem


Dieudonné ESSOMBA: "l'élite dilapide l'argent du pétrole"

L’économiste camerounais analyse la place du pétrole dans notre économie et invite à renforcer la diversification des exportations.

Quelle est la place du pétrole dans l'économie camerounaise?
La place du pétrole est fluctuante et dépend des années. On peut néanmoins dire qu’il contribue pour 5 à 8% au PIB et de 20% à 25% dans le budget national. Mais son apport le plus important est dans le commerce international où il contribue pour 45% des recettes extérieures. C’est une place très importante, mais qui n’atteint pas les sommets hégémoniques qu’on trouve dans l’économie équatoguinéenne ou nigériane.

Quel regard portez-vous sur l'utilisation de la manne pétrolière au Cameroun?
L’exploitation pétrolière est une enclave technologique dans laquelle l’apport du système productif est très faible, voire nulle, contrairement à d’autres ressources comme le cacao,  le café ou le coton qui interpellent un grand nombre d’acteurs avec lesquels il faut composer. Pour augmenter la quantité de cacao produite par exemple, le Gouvernement est obligé de négocier avec les paysans pour les inciter à produire davantage. Le pétrole qui n’a pas cet inconvénient se trouve sous le contrôle total des pouvoirs publics qui disposent ainsi d’une importante marge de manoeuvre pour l’affecter à leurs orientations, même si celles-ci ne correspondent pas aux intérêts bien compris de la Nation. Dans le cas du Cameroun, le pétrole est essentiellement affecté à l’entretien de l’appareil bureaucratique et l’entretien de la consommation somptuaire de l’élite politico-administrative, qui le dilapide en achat de VX, de champagne et de voyages à l’étranger.


 Le Cameroun respecte-t-il le protocole de l'inititive ITIE?
Le Cameroun fait partie des pays conformes à l’ITIE et on peut supposer que c’est parce qu’il respecte les contraintes de transparence imposée par cette organisation. En tout état de cause, la transparence du secteur pétrolier avait été imposée par les bailleurs de fonds lors de l’ajustement structurel, comme l’une des conditionnalités pour la remise des dettes.
Le Cameroun ne dépend t-il pas trop de la manne pétrolière?
Il en dépend beaucoup, mais on trouve pire. Dans une certaine mesure, l’économie du Cameroun moins déséquilibrée que beaucoup d’autres, mais il est possible d’améliorer la situation en renforçant la diversification des exportations, mais aussi en développant un secteur manufacturier local.

Ne faut-il pas s'en inquiéter au regard de la conjoncture mondiale?
L’économie du Cameroun dépend fortement de la conjoncture internationale, car tout son système productif et sa consommation sont fortement liés aux importations. Il est évident que si les recettes extérieures baissent, la conséquence automatique est une baisse du niveau de vie et une pression à l’endettement extérieur. C'est donc un juste motif d'inquiétude.


© Le Jour : Propos recueillis par Jean-Philippe Nguemeta

Scandale financier autour de GEOVIC: ESSIMI MENYE n'ètait pas seul dans le coup!

Votre journal « Ouest Littoral » et son directeur sont menacés de mort depuis la semaine dernière après la publication des frasques d’Essimi Menye et consorts. Puisque certains prennent les choses de cette manière alors que nous avons caché l’essentiel, nous nous montrons « extrêmement généreux » aujourd’hui en  publiant de nouveaux documents, révélant de nouveaux noms et faits. Si du « calme » et de la « courtoisie » ne reviennent pas vite du côté de Yaoundé, la semaine prochaine, nous versons de nouvelles pièces « au dossier ». Ainsi de suite jusqu’au premier Avc déclaré. Nous ne voulons tout de même pas provoquer une hécatombe au sein du pouvoir.
Nous continuons à offrir à nos lecteurs, tout le fruit de nos investigations autour de divers scandales qui frappent la République. La société Geovic qui jusque-là était inconnue du grand public, et qui défraie actuellement la chronique, est le théâtre d’incroyables détournements de fonds publics. Les affaires qui lui tournent autour n’ont pas encore livrées tous leurs secrets.

Geovic : une affaire digne d’un grand scénario de film sur la mafia sicilienne

Notre dernière édition avait un but précis : montrer comment un homme vaniteux (Essimi Menye) que rien ne prédisposait à un tel destin, arrive presqu’au sommet de la hiérarchie des fonctionnaires camerounais et, plutôt que de se mettre au service de ses compatriotes, choisit d’en affronter une partie avec une rare « imbécilité », au point de se croire désormais au-dessus du lot. Il laisse, comme un benêt, au passage son nom apparaître dans de nombreuses affaires à la manière inverse du petit poucet : c’est-à-dire en laissant traîner tous les indices nécessaires pour le rattraper.

Le scenario de cette affaire, qu’il convient d’appeler Geovic, que nous avons évoquée dans notre dernière édition ferait passer celui du célèbre film franco-italien « Le clan des siciliens », pour une aimable plaisanterie.

Mais, comme en toute chose, il faut être juste : l’ex-ministre des finances Essimi Menye, jusqu’à présent présumé innocent, ne peut avoir fait disparaître de telles sommes folles tout seul. Personne ne peut être le seul responsable de la disparition de près de quarante voire soixante milliards de FCFA dans les conditions décrites. Mais même s’ils ne sont coupables de rien, nombreux parmi ceux que nous citons dans cette édition, savent ou devrait savoir ce qui s’est réellement passé.

Rappel: après les émeutes dites de la faim de 2008, le président Paul Biya demande à son gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires, afin de permettre aux jeunes d’intégrer le monde du travail. Le ministre des Finances Essimi Menye saisit alors le Fmi pour présenter le projet d’exploitation des minerais, potentiellement pourvoyeuse d’emplois dans la Région de l’Est. Il parle d’une haute priorité pour le chef de l’Etat.

Il sait que cette institution, dans le cadre des négociations autour de l’atteinte du point d’achèvement sur la lutte contre la pauvreté (l’initiative PPTE), avait exigé et obtenu le blocage d’une somme de près 37 milliards de FCFA dans les comptes de la Beac. Cette somme provenait du surplus des recettes pétrolieres et était destinée à la jeunesse camerounaise.

Le dossier défendu par le ministre des Finances Essimi Menye est mal ficelé (voir notre dernière édition) ; cela n’empêche pas à l’institution internationale de répondre favorablement à la lettre d’intention signée du premier ministre d’alors, Ephraïm Inoni (Voir document page 5) : l’Etat camerounais a donc les moyens pour investir dans un projet minier à Nkamouna,  à l’Est du pays.

Les médias proches du pouvoir exultent. Les hommes politiques parlent d’un chef de l’Etat « magnanime ». Pour une fois, ils ont raison. Si ce projet se réalise, c’est à terme plus de 10 000 emplois qui seront crées pour la jeunesse. Comme la prochaine élection présidentielle est proche, on présente un vieil engin, un vieux camion et d’autres matériels d’un autre âge sur le terrain, afin de rassurer les pauvres populations de la Région ; elles votent très massivement pour le candidat des futurs « Grandes réalisations ».

Sept années plus tard, ces populations n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Bien qu’il s’agisse là de la Région la plus pauvre du pays, surtout délaissée en plus par le « Renouveau » (pas d’universités, d’infrastructures..), les cleptomanes qui nous gouvernent ont frappé sans pitié. L’argent s’est envolé.

Comment cet argent a disparu

Lorsqu’on présente la société Geovic qui va exploiter la mine de Nkamouna au grand public, nombreux sont ceux qui croient au discours officiel laissant penser qu’il s’agit d’une multinationale experte en matière d’exploitation minière.
Aujourd’hui, nous sommes à même d’affirmer, après enquêtes, sur la base de documents incontestables (documents page 6 à 7), que cette société n’a été créée que pour spolier, voler…les Camerounais. Comme dans l’affaire « Albatros » à propos de l’achat de l’avion présidentiel, tout part des Etats-Unis avec cette fois, une légère différence: on a pris le soin de créer une entreprise de toute pièce pour brouiller les pistes.

La société Geovic Mining corp est créée le 16 novembre 1994, dans le paradis fiscal du Delaware aux Usa par William Buckovic, un vétéran spécialiste en coups fourrés dans le secteur minier, basé dans l’Etat du Colorado aux Etats-Unis. Il crée aussi avec sa femme Dawn Buckovic, l’Ong GeoAid (Voir photo page 5), qui va récolter plus tard l’argent du projet Geocam pour l’investir dans des œuvres humanitaires. C’est avec ces gens que le gouvernement compte lancer cet important projet.

Jusqu’aujourd’hui, en novembre 2015, la société n’a aucune activité et par conséquent aucune recette d’exploitation : une petite boulangerie à Douala a plus de recettes qu’elle. Sans que cela n’attire l’attention, un an après sa création aux Etats-Unis, Geovic crée une filiale au Cameroun appelée Geocam, afin d’obtenir la plus grande concession de cobalt, nickel, manganèse de notre pays: cette société est dotée d’un capital de 10 millions de FCFA (Moins qu’une bonne épicerie de quartier), réparti comme suit : 55% pour Geovic Mining Corp, 5% pour le  fondateur de  Geovic  William  Buckovic  et  39,5%  détenu par quatre  actionnaires  camerounais non identifiés.

Le premier ministre camerounais à l’époque s’appelle Simon Achidi Achu : cela a son importance. Contre un capital de 10 millions de FCFA, le Gouvernement camerounais octroie à Geovic une concession minière d’une vingtaine d’années, renouvelable tous les 10 ans jusqu’à l’épuisement total des ressources. Formidable ! Dans nos contrées, on louerait l’efficacité des « marabouts » de cette societé.

De 1995 à 2006, il ne se passe rien. La société n’a ni clients, ni fournisseurs. Les meilleurs truands ont pour principale vertu, comme chacun sait, la patience.
Mais en cette année 2006, enfin du mouvement : la Société nationale d’investissement (Sni), dont l’ancien Premier ministre Simon Achidi Achu est l’actuel président du Conseil d’administration, entre dans le capital de la Geocam, en achetant les 20% des actions appartenant aux quatre actionnaires camerounais non identifiés. La Sni prend en plus l’engagement de faire le portage de 19.5% et payer les contributions aux augmentations de capital pour leur compte.

Curiosité de ce montage : on prépare l’escroquerie en amont avant l’entrée du Gouvernement dans l’actionnariat. En effet, les quatre actionnaires camerounais non-identifiés et Geovic signent un accord qui stipule que toute dépense engagée par Geovic (principal actionnaire du projet), sera considéré comme un prêt de Geovic à Geocam, portant un taux d’intérêt de 25%. Même dans la pire des tontines de ce pays, un tel taux n’est appliqué.

Plus grave, quelques mois avant l’entrée du Gouvernement dans le capital en 2006, ces actionnaires désargentés signent un autre accord avec Geovic stipulant que si cette dette à 25% d’intérêts n’est pas remboursée, Geovic s’accapare de tous les droits miniers du projet Geocam : c’est de la folie.

La conséquence d’une telle « légèreté » est salée : quand le gouvernement fait son entrée dans le capital, Geovic lui présente une ardoise de 49 439 474 150 (Quarante neuf milliards quatre cent trente neuf millions quatre cent soixante quatorze mille cent cinquante) FCFA, au titre des accords signés avec les actionnaires camerounais. Faut-il rappeler que ces actionnaires sont toujours inconnus ?
C’est un véritable scandale. D’autant plus qu’une des personnes dont le nom apparait dans ce « montage » semble être la nièce de l’ancien Premier ministre Simon Achidi Achu, actuel président du Conseil d’administration de la Sni. Il n’a jamais voulu répondre à toutes les attaques sur ce sujet et permet de faire appliquer sur lui, le célèbre adage selon lequel « qui ne dit mot consent ». Son intérêt est de confirmer ou de démentir rapidement cette information qui circule.

Bien que ce que nous venons d’expliquer apparaisse hermétique pour les non-initiés, il faut savoir que le portage est une opération permettant de substituer à l’actionnaire effectif, un actionnaire apparent sur la base d’un engagement précis. Vous n’avez pas compris ? Empruntons cette définition d’un expert germanique : « on appelle portage la convention par laquelle une personne, le porteur, accepte, sur demande du donneur d’ordre, de se rendre actionnaire par acquisition ou souscription d’actions, étant expressément convenu que, après un certain délai, ces actions seront transférées à une personne désignée et à un prix fixé dès l’origine. »

Vous ne comprenez toujours pas ? Pas grave, le meilleur est à venir.

L’essentiel est que le gouvernement est entré dans le capital : les membres de ce complot jubilent. La première phase de leur plan stupide, grossier, mais rudement efficace est en place. La Geovic Mining Group qui était en sommeil, se réveille brutalement comme l’homme congelé du célèbre film français Hibernacus, dont  l’acteur Louis de Funès qui tient le rôle principal va devoir guider dans le retour à la vie. Hélas, cette fois, les acteurs sont moins sympathiques.

Les choses s’accélèrent : la Geovic Mining Group crée une filiale aux îles Caïmans qui devient propriétaire de la filiale camerounaise Geocam. Quelque chose qui aurait mis en branle la sonnette d’alarme dans l’esprit d’un étudiant en première année d’économie moyennement intelligent ne pose aucun problème aux experts camerounais qui travaillent sur ce dossier.

Pourquoi ce petit tour de passe-passe ? Sans aucun doute parce que l’opacité qui règne dans ce territoire contrôlé par la Grande-Bretagne, rend tout contrôle impossible par l’Etat camerounais. Une méthode plutôt pratique pour verser de l’argent occulte à tous les Camerounais qui participent à cette combine, et dont le ministre des Finances Essimi Menye a toujours refusé de donner les noms ; en particulier ceux des quatre ayant participé à la création de cette société.

Quand on sait aussi que ce paradis fiscal est un haut lieu du trafic international de drogue, attirant notamment les trafiquants sud-américains, on peut légitiment s’inquiéter, à ce moment-là, du sort réservé à ce projet.

La Geovic Mining Group réactivée, l’Etat camerounais désormais dans le capital de la Geocam, les magouilles « protégées » par le « propriétaire » de Geocam situé dans les îles Caïmans, les caisses de l’Etat peuvent commencer à être vidées avec toute la « douceur » d’un Evêque catholique pédophile envers des enfants abusés et surtout non consentants.

Le mécanisme du détournement est d’une simplicité quasi biblique. Les dirigeants de Geocam réalisent dès lors chaque année, des budgets qui doivent être financés par une augmentation de capital à laquelle l’Etat participe. Une fois l’argent encaissé, il remonte à la maison mère aux îles Caïmans. Du Cameroun à ce paradis fiscal, l’argent récolté sert à payer des travaux fictifs, une série d’études de faisabilité (Badel Ndanga Ndinga, le ministre des mines de l’époque le reconnait implicitement lui-même dans une interview au quotidien « Cameroon Tribune » sur laquelle nous reviendrons plus loin) qui vient elle-même remplacer la série précédente ; des études techniques alors que la société mère reconnaît elle-même, dans ses rapports d’activités, qu’elle n’a aucune expertise en la matière. Plus surprenant camer.be, apparaissent dans les comptes de la Geocam, des dépenses locatives (pour loger son personnel et les bureaux) d’une valeur de 913 879 353.06 FCFA par an au Cameroun. C’est à croire que les dirigeants de cette société étaient logés au palais d’Etoudi.

Toutefois, il serait intéressant d’avoir les noms des bailleurs : comme d’habitude, les mêmes. Nous y reviendrons ; il y a mieux à « dénoncer » pour le moment.
C’est ainsi que certains experts estiment que dans cette opération, l’Etat camerounais a perdu la somme folle de 60 milliards 918 451 235,01 FCFA (au cours du dollar actuel). Cela donne des envies de meurtres.

Une interview incroyable du ministre Badel Ndanga Ndinga

C’est dans ce conteste que le ministre des mines de l’époque (Badel Ndanga Ndinga), particulièrement « ignorant » et « aérien », répond aux excellentes questions de notre consœur Josiane Tchakounté du quotidien « Cameroon Tribune », le 31 aout 2010

N’écoutant que son courage, la journaliste attaque d’entrée en en essayant de savoir si en réalité, tous les projets miniers au Cameroun ne sont pas que des serpents de mer.
Pour le ministre, les travaux autour du projet de cobalt et de nickel de Nkamouna se poursuivent, et prennent du temps notamment, parce que les financements nécessaires pour sa réussite se situent à hauteur de 244 milliards de FCFA.
Pour permettre aux lecteurs du « grand quotidien national » d’en savoir plus, elle monte d’un cran en rappelant que le permis d’exploitation étant de 15 ans, 2 ans après, rien n’est fait alors que les populations s’impatientent. Pourquoi cette lenteur ?

Le ministre parle de gestation lente ; de problème de collecte des financements, de délai d’études… Bref, les « grands mots de Yaoundé ». Comment peut-il être si peu au fait des choses alors qu’il suffisait de suivre les activités de la Geovic aux USA, ne serait-ce que par le biais de ses déclarations obligatoires aux autorités américaines, que le public peut consulter, pour savoir que ce projet n’avait aucune chance d’aboutir ?

La journaliste, qui cherche visiblement des « histoires », s’étonne que ce ne soit qu’aujourd’hui que la Geovic fasse ces études alors que cela aurait du l’être dès le départ.
Le ministre, avec une naïveté qui aurait pu être touchante s’il ne s’agissait pas de milliards envolés, pousse la journaliste à lâcher une petite « bombe », sans se rendre compte, en rappelant que la Sni de Yao Aïssatou a déjà versé 10 milliards de FCFA dans ce projet. Faut-il rappeler que le ministre indique lui-même qu’on n’est qu’au stade d’études ?

Malgré l’évidence, notre homme ne se laisse pas  déstabiliser : cet argent a servi, selon lui, à payer différentes études.

La journaliste, qui veut décidément « foutre son nez » dans ce qui ne la regarde pas, enchaîne. Elle veut savoir la qualité et les noms des personnes qui contrôlent les dossiers fournies par des entreprises comme la Geovic afin de confirmer l’exactitude des informations qu’ils contiennent.
Le ministre a une réponse surprenante : de par la loi, l’Etat n’a rien à contrôler et attend juste sa part de bénéfice.

Cette interview, courageuse, il faut le rappeler, menée de main de « maîtresse » par notre consœur, montre la vacuité du raisonnement du ministre. Il ne se rend même pas compte de la gravité de ce qu’il vient de déclarer. L’Etat donne de l’argent public en milliards à une société dominée par des étrangers  sans qualification, sans expérience (ils le reconnaissent eux-mêmes), qui n’ont jamais eu le moindre client et dont on voit bien qu’ils sont désargentés, mais s’interdit de contrôler la destination finale de cet argent des contribuables. Insupportable ! Quand on a lu cela, on a envie de descendre dans la rue tuer n’importe qui, juste pour se défouler.

Une curieuse cérémonie en présence de Achidi Ashu (Pca de la Sni), Yao Aïssatou (Directrice générale de la Sni) et  Badel Ndanga Ndinga (Alors ministre chargé des Mines et aujourd’hui Sénateur de la Région de l’Est)

19 avril 2011 : jour de grand spectacle à l’hôtel Hilton de Yaoundé: le ministre chargé des mines Badel Ndanga Ndinga veut faire les choses en grand et cela en présence du duo improbable Achidi Achu (Pca) -Yao Aïssatou (Dg) de la Sni. L’étude de faisabilité bancable du projet cobalt-nickel-manganèse (EFB) est « désormais disponible », annonce-t-on sous les applaudissements de ce parterre de (non) responsables qui mettent les « canines » en avant. Autrement  dit, on a réussi l’exploit d’obtenir et de dépenser à partir de 2008, de l’argent public sans ce précieux document qui n’apparait que trois années plus tard. De l’argent en provenance des caisses de la Sni a été remis à des mains incertaines et l’étude de faisabilité est célébrée en 2011, alors que tous les rapports annuels de Geovic soumis aux autorités boursières américaines à partir de 2008, montraient que le projet de Nkamouna ne sera pas développé et que Geovic a déjà drastiquement réduit ses activités au Cameroun.

« Un jour mémorable dans l’histoire de l’industrie minière au Cameroun », s’extasie alors Greg Hill, le Président du Conseil d’Administration de Geovic Cameroon PLC, qui est aussi actionnaire de Geovic et directeur financier par intérim de Geovic Ltd des Iles Caïmans. Pour rappel, c’est cette dernière société qui contrôle juridiquement le projet du Cameroun. Une tragi-comédie dans laquelle Greg Hill pense sereinement à ses poches qui « enflent » de plus en plus, alors que les dirigeants de la Sni et leurs administrateurs l’acclament, jouant ainsi les « nègres » de service.
Le Ministre de l’Industrie, Badel Ndanga Ndinga félicite pendant sa prise de parole, la SNI et les partenaires américains «pour les efforts et autres sacrifices multiformes qu’ils n’ont cessé de déployer pour franchir cette étape, au gré de l’évolution de la conjoncture, pas toujours favorable ». De quoi parle-t-il ? De quels efforts et à quels prix ? Un enseignant indulgent sanctionnerait ce type de discours présenté, au cours d’un jeu de rôle, par une fessée monumentale.

Comment le Cameroun a failli perdre 104 milliards de FCFA de plus dans cette vaste escroquerie

Après avoir dilapidé l’argent venant de la Sni de Yao Aïssatou, la Geovic a de plus en plus « faim ». Pourquoi s’arrêter en si bon chemin alors que les affaires marchent ? Elle essaye d’obtenir, pour le compte de la Geocam, un crédit de l’ordre de 104 milliards de FCFA à la Banque africaine de développement (Bad). Si l’Ong américaine Government Accountability Project (GAP), alertée par Eugène Nyambal en mission à la BAD en 2012, n’avait pas attiré l’attention de cette institution financière internationale en rappelant comment le Fmi, avec une incroyable légèreté, avait permis à ce que les dirigeants de cette société se livrent à une opération de détournements incroyables au Cameroun, le pire serait arrivé.

On est effrayé de constater qu’après la fuite de la Geovic du Cameroun, c’est notre pays qui aurait éventuellement été obligé de régler l’énorme facture de 104 milliards de FCFA, sans tenir compte des intérêts de retard.

La clef de l’énigme entre les mains de trois hommes : Paul Biya, Laurent Esso et Eugène Nyambal

Tout au long de notre longue enquête, apparait le nom de notre compatriote Eugène Nyambal. On a vu comment il avait été remplacé au Fmi par l’ex ministre Essimi Menye et était revenu à son poste dès l’entrée de ce dernier dans le gouvernement : revirement du sans doute à l’intervention personnelle du Chef de l’Etat.

Lorsque cette affaire démarre, il est le seul au Fmi à alerter sa hiérarchie sur les doutes qu’il a sur la nécessité du déblocage des fonds issus des surplus pétroliers en relation avec le projet Geovic. La conversation n’est pas longue avec son patron, car Laurean Rutayisire semble occupé. Curieusement, quelques mois plus tard ce dernier interdit à Eugème Nyambal de participer à la prochaine mission du Fmi au Cameroun en Avril 2009. Têtu comme un « bon Bassa », il vient au Cameroun à titre privé en mai 2009 et à l’hôtel Hilton, il est alerté sur le fait que certains membres du Gouvernement préparent un coup contre lui.

Quelques semaines plus tard, il est licencié sans préavis et sans faute, à travers une lettre d’un paragraphe signée par l’Administrateur pour l’Afrique (Laurean Rutayisire) en date du 25 juin 2009, avec licenciement effectif le 26 juin 2006 !
La lettre informe simplement notre compatriote de son licenciement en un paragraphe, sans fournir de motif. Le lendemain, Laurean Rutayisire donne immédiatement des instructions au Fmi pour interdire au « licencié », un accès libre dans les locaux. Entre-temps, il fait détruire ses fichiers électroniques et lorsqu’Eugène Nyambal est invité à récupérer ses effets quelques semaines plus tard, le dossier relatif aux négociations sur le Cameroun a disparu. Il n’a plus qu’un exemplaire du dossier Geovic de la SNI soumis au FMI par le Ministre des Finances.

Etant donné qu’il est revenu au FMI en 2007 grâce aux instructions du Chef de l’Etat, il demande à Laurean Rutayisire d’informer les autorités camerounaises de son licenciement et lui envoie une copie du communique du ministre Abah Abah publié dans la presse au nom du Chef de l’Etat. En outre, l’absence de motivation du licenciement donne amplement au Ministre des Finances et au Premier Ministre du Cameroun l’opportunité, au minimum, de s’enquérir de la situation.

Quelques administrateurs du FMI prennent également attache avec les autorités camerounaises chargées des relations avec les institutions financières internationales. Mais c’est le silence total, les autorités refusent d’appeler l’Administrateur rwandais et certaines promettent de rappeler sans jamais donner signe de vie. L’Administrateur qui a appelé certaines autorités indique finalement à Eugène Nyambal que le coup vient du Cameroun.
Sur cette base, ce dernier tente vainement d’entrer en contact avec le Chef de l’Etat camer.be, sa correspondance à ce dernier est publiée dans certains journaux de la place. Il essaie à nouveau de rencontrer le président lors des Assemblées Générales des Nations Unies à son hôtel à New York. Il restera dans la suite en face de celle du président de la République avec feu Germain Manda jusqu’à 3 heures du matin, avant de se résoudre à renter à Washington.

Un sens patriotique à saluer

Le Cameroun aurait pu perdre des milliards à travers le crédit susmentionné que la Geovic a essayé en vain d’obtenir à la Bad. C’est encore, selon nos informations, Eugène Nyambal qui a sonné le tocsin en alertant l’Ong américaine Gap qui elle-même a saisi la Bad. Si le Gouvernement avait réagi aux allégations de d’Eugène Nyambal dès 2009, Geovic n’aurait pu continuer à faire des augmentations de capital au nom de Geocam et détourner ces fonds avec la complicité de certains officiels camerounais.

Quand on voit avec quel acharnement il a lutté tout seul contre ce vaste réseau international, on comprend mieux pourquoi dans le contexte camerounais, un Bassa avec sa « têtutesse » ne sera jamais riche. Nombreux sont ceux qui auraient tout simplement demandé leur part pour « rester » tranquille.

Plus sérieusement, nous savons aussi que Laurent Esso, le ministre d’Etat chargé de la Justice est au courant dans les détails de ce qui s’est tramé autour de cette affaire. Nous connaissons les efforts qui sont les siens afin de régler un certain nombre de dossiers, à l’instar de l’affaire « Amity Bank ». Mais ce n’est pas suffisant. Il serait intéressant pour lui d’entendre cet Eugène Nyambal qui a, semble-t-il, dans cette affaire et dans bien d’autres, beaucoup de choses dans le « ventre » et qui ne demandent qu’à « sortir ».
Le président Paul Biya nous paraît étranger à tout ce manège, bien qu’avec le bénéfice du doute. Quand on voit tout le cinéma qui a été fait autour de ce projet, un homme comme lui qui se terre dans son palais et ne contrôle rien sur le terrain, aurait bien pu être abusé.

Mais de sa capacité à réagir face à cette kyrielle d’affaires, qui risque de ternir totalement son bilan au sommet de l’Etat (tant les complicités semblent s’étendre pratiquement jusqu’à l’entrée de sa chambre conjugale), dépendra notre volonté de lui donner la communion sans confession.

Qui est le véritable « Chef bandit » ?

Il devra, à notre avis, pour une fois se remuer un peu. Il est de notoriété publique qu’il est le seul capable d’accélérer ou non, dans son pays, une procédure judiciaire : ce n’est pas démocratique, mais c’est la réalité. Eugène Nyambal ayant épuisé toutes les possibilités afin d’alerter son entourage, pourquoi ne pas l’inviter à son palais afin d’avoir une prise directe avec les faits, même s’il ne s’agira que d’un récit qu’on peut trouver partiel et partial ? Il s’agit tout de même d’une somme avoisinant les 60 milliards de FCFA.

On voit bien Paul Biya, tout sourire, régulièrement recevoir ce Français hautement suspect qu’est Stéphane Fouks, bras droit de Dominique Strauss Khan, qui est largement soupçonné d’avoir permis la mise sur orbite de cette immense magouille. Magouille que continue de couvrir sa remplaçante française au Fmi l’ancienne ministre des finances de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde.

Aucun Camerounais, qu’il soit Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, du Sénat, ministre… n’a jamais bénéficié d’un tel privilège. Paul Biya doit recevoir son compatriote, même en tenant la « bouche » comme lorsqu’il donne des instructions à ses collaborateurs à l’aéroport de Nsimalen lors de ses multiples déplacements privés, donnant ainsi l’impression d’être un enfant dans les années 70 à qui on vient de faire avaler de la quinine pour soigner un accès palustre ; ou encore un enfant qui vient de boire de « force », l’huile de « ricin ».


 Peu importe les sourires, étant donné la gravité de la situation. Nous conseillons à Eugène Nyambal de ne pas faire attention à la forme, d’autant plus qu’au cours de cette enquête au Fmi, à la Banque mondiale, à la Bad, à la Beac, la Cobac … et sur le terrain, nous pouvons confirmer que ce dernier est l’un des rares Camerounais à reconnaitre sincèrement les efforts fournis par le président de la République pour l’aider.
S’il ne fait rien ; ne prend aucune initiative pour que la vérité se manifeste ; que les coupables soient punis avec la plus grande fermeté, quelques esprits tordus pourront rappeler que tout ceci se passe à la « veille » de l’élection présidentielle de 2011. Que les « lobbyistes » en communication tels que Stéphane Fouks (Ami de DSK, patron du Fmi au moment des faits) que Paul Biya reçoit régulièrement avec une joie trop évidente, se font payer en milliards, et quelques fois par tous les moyens. Ils rappelleront qu’une campagne électorale coûte très chère et on ne sait toujours pas comment Paul Biya s’y prend.
Le bipède camerounais moyen pourrait alors arriver à la conclusion infâmante selon laquelle que le « chef bandit » n’était pas celui qu’on  croyait.

NB : Quelques extraits des documents nécessaires à la compréhension de ce texte dans la version papier du journal.

© Ouest Littoral : Benjamin Zebaze


12.11.15

Cameroun : Bowleven veut forer deux puits sur le permis Etindé «dès que possible en 2016»

Cameroun : Bowleven veut forer deux puits sur le permis Etindé «dès que possible en 2016»

L’opérateur pétro-gazier britannique Bowleven, côté sur la bourse de Londres, veut forer deux «puits d’appréciation en ciblant le potentiel de hausse important identifié dans l'intervalle du réservoir intra Isongo» sur son permis Etindé, situé dans l’off-shore camerounais, apprend-on dans un rapport de l’entreprise pour l’exercice clos au 30 juin 2015. Selon Kevin Hart (photo), le CEO de Bowleven, ces forages vont être réalisés «dès que possible en 2016».

La firme pétro-gazière britannique affiche d’autant plus d’optimisme dans la réalisation de cet objectif que son CEO annonce que Bowleven dispose déjà d’une enveloppe budgétaire de 40 millions de dollars, soit environ 22 milliards de francs Cfa, pour la conduite des travaux de forage et la réalisation des tests subséquents.

Malgré un environnement difficile pour les sociétés d’exploration et de production, notamment à cause de la baisse des cours mondiaux du brut, Bowleven affirme avoir «pris le temps d'examiner (sa) base de coût actuelle pour s’assurer qu'elle est de la bonne taille pour le plan actuel et (ses) objectifs stratégiques».

Pour rappel, Bowleven détenait à 75% le permis Etinde, un ensemble de trois blocs offshore couvrant 2316 km2 au Cameroun. L’entreprise a par la suite conclu un accord d’achat d’actions avec le Russe Lukoil et New-Age, pour leur vendre au total 50% de ses intérêts opérateurs. Cette cession a été actée par un décret du chef de l’Etat camerounais signé le 6 février 2015.

BRM


4.11.15

Après son bluff sur la bauxite de Minim Martap, Hydromine tâte le secteur de l’énergie au Cameroun

 Après son bluff sur la bauxite de Minim Martap, Hydromine tâte le secteur de l’énergie au Cameroun
 04 novembre 2015
Depuis le 11 mars 2015, Peter Lionel Briger (en photo, avec Me Ngwafor, un avocat camerounais) a créé au Cameroun une filiale de la société américaine Hydromine. Le siège social de Hydromine Cameroon Ltd, doté d’un modeste capital social d’un million de francs Cfa, est à Douala, la capitale économique du pays, apprend-on dans une annonce légale publiée le 3 novembre 2015.
 
L’objet social de cette entreprise indique qu’elle se consacrera au développement de projets énergétiques et «à toute autre activité que des entreprises pourraient organiser en vertu des lois de la République du Cameroun». Ce flou qui transparaît dans l’objet social de Hydromine Cameroon Ltd est à la hauteur de la réputation de cette entreprise dans le pays.

En effet, l’évocation du nom de cette entreprise rappel son grand bluff autour du projet d’exploitation de la bauxite de Minim Martap et Ngaoundal, dans la partie septentrionale du pays. Un projet dans lequel Hydromine, qui se révèlera n’être qu’une start-up américaine (créée en 2004 dans le Delaware, mais détenait déjà un permis d’exploration minière au Cameroun en 2005) sans bureau, sans surface financière et sans expertise dans le secteur minier, annonçait pourtant des investissements d’environ 5000 milliards de francs Cfa.

Finalement, malgré des coups d’annonces sans résultats palpables, le projet sera repris à partir de 2009 par la société Cameroon Alumina (CAL), contrôlée à 45% par la société émiratie Dubal et à 45% par l’Indienne Hindalco. Hydromine ne détient désormais que 10% des actifs de ce projet minier, dont on ne parle d’ailleurs plus beaucoup dans le pays depuis plusieurs mois.


BRM

27.10.15

IMIC obtient une mainlevée sur la saisie des comptes de sa filiale au Cameroun

Ousmane Kane, PCA d’IMIC.
 Ousmane Kane, PCA d’IMIC

La société International Mining and Infrastructure Corporation (IMIC) qui a repris au Cameroun, les activités de l'entreprise canadienne Affero Mining, a obtenu une mainlevée sur la saisie des comptes bancaires de CAMINEX, sa filiale locale à 100%, a-t-on appris d'un communiqué officiel le 20 octobre 2015 dernier.
 
Au départ de cette affaire, la signification le 7 août 2015, d'un acte de redressement fiscal portant sur un montant de 2,6 millions $ servi par la direction générale des impôts. La somme représente selon les autorités camerounaises, le principal et les indemnités de non versement, de l'impôt dû sur la plus-value qui s'est dégagée du rachat en 2013 par IMIC, des actifs d'Affero Mining, dont sa filiale camerounaise, pour un montant global de près de 200 millions $.
IMIC qui est cotée sur le compartiment alternatif du  London Stock Exchange, ne rejette pas la revendication fiscale. Toutefois, elle la conteste en argumentant que les dispositions invoquées, n'étaient pas applicables au moment où se déroulait la transaction. L'administration fiscale camerounaise n'a pas fait de commentaires à ce sujet. Lorsqu'on jette un regard sur la loi fiscale et ses ajustements successifs, l'objet du litige n'y trouve pas une réponse très exacte.
Le texte dispose en effet qu'avant leur enregistrement au plan local, « Les cessions indirectes d’actions, de parts et d’obligations d’entreprises de droit camerounais comprennent notamment toute cession réalisée au Cameroun ou à l’étranger, entre deux sociétés étrangères appartenant au même périmètre de consolidation lorsque l’une des entités de ce périmètre possède, entièrement ou partiellement, le capital d’une société de droit camerounais ». Seulement cette disposition spécifique est un ajout de la loi de finance de 2015.

Le processus semble encore en cours, car IMIC a fait savoir qu'elle continue de travailler avec ses avocats et la partie camerounaise, pour démêler cette histoire qui risque de ne pas être très positive pour l'entreprise. Celle-ci doit aussi faire face à une dette à court terme assez importante.  Au total, elle dit avoir hérité d'un passif de 100 millions $ (hors obligations convertibles), au moment de l'acquisition du patrimoine d'Affero Mining, avec un service des intérêts qui atteint 5 millions $ par an.

Le 8 octobre 2015, IMIC a fait savoir aux investisseurs qu'il avait achevé avec l'étude globale de son projet, dont les résultats ont fait ressortir un potentiel de 4 millions de tonnes de minerais avec une teneur en fer proche de 76% par an. Des chiffres qui, selon ses dirigeants, rendent l'opération viable et rentable, malgré la pression négative que connaissent les prix de cette matière première sur les marchés mondiaux.

Idriss Linge

14.10.15

Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2750 milliards FCfa d’IDE, dont 67% provenant de la Chine

Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2750 milliards FCfa d’IDE, dont 67% provenant de la Chine 

Sur la période allant de 2000 à 2014, soit 15 ans au total, les investissements directs étrangers (IDE) captés par la République du Cameroun sont estimés à 5 milliards de dollars américains, soit environ 2750 milliards de francs Cfa, selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

Ces IDE proviennent essentiellement de pays tels que la France, les Etats-Unis, le Nigéria et bien évidement la Chine, devenue premier investisseur au Cameroun selon la direction de la Coopération du ministère de l’Economie. En effet, si l’on s’en tient au volume officiel du portefeuille de projets chinois au Cameroun, qui est estimé à 1850 milliards de francs Cfa à fin 2014, la Chine se taille environ 67% des IDE au Cameroun.

A partir de cette année 2015, l’enveloppe des investissements chinois au Cameroun s’épaissira davantage. Avec notamment un projet de 75 milliards de francs Cfa pour l’interconnexion des universités d’Etat du pays, mais surtout le projet de construction des infrastructures (chemin de fer de plus de 500 Km, le terminal minéralier du port en eau profonde de Kribi) liées au projet d’exploitation du gisement de fer de Mbalam, à l’Est du Cameroun.

En effet, Sundance Resources, qui conduit ce projet à travers sa filiale locale Cam Iron, a annoncé en juin 2015, être parvenu à un accord avec le gouvernement camerounais, pour faire financer par la Chine ces infrastructures nécessitant entre 1500 et 2000 milliards de francs Cfa de financements. Dans cette optique, le Premier ministre camerounais a signé, le 13 juillet 2015, un arrêté portant «création, organisation et fonctionnement de la Commission spéciale ad hoc de sélection d'une entreprise chinoise pour la construction du chemin de fer et du terminal minéralier du projet Mbalam et de la mise en œuvre du plan de développement de la boucle minière du Dja».

Après avoir raflé tous les projets d’infrastructures d’envergure dans le pays (construction du port en eau profonde de Kribi ; des barrages de Lom Pangar, Memve’élé et Mekin ; pose de la fibre optique ; travaux de construction des autoroutes Yaoundé-Douala et Yaoundé-Nsimalen…), la Chine se renforce ainsi dans le secteur minier au Cameroun, où elle est présente depuis quelques années à travers Sinosteel, qui développe le projet de fer des Mamelles de Kribi, dans la région du Sud.

 
Brice R. Mbodiam


Projet Mbalam : CamIron pourrait perdre son permis d'exploration

Un audit interne et externe explique que cette éventualité est due à l’incapacité de Sundance Resources, maison mère de Cam Iron à mobiliser des financements.

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Les mauvaises nouvelles se succèdent du côté de la société de droit camerounais, Cam Iron, dont la multinationale australienne Sundances Resources est actionnaire majoritaire avec 90%. Après le retrait du volet construction du terminal minéralier de Mballam au profit d’une entreprise chinoise, le 10 juillet dernier, l’éventualité de perdre totalement le permis d’exploration n’est plus à exclure. A preuve, dans son rapport financier rendu public le 30 septembre dernier, la multinationale elle-même déclare que sa capacité de mobilisation financière est decrescendo, allant de 14,4 millions de dollars (environ 72 milliards de FCFA) au 30 juin 2014 à 13,7 millions de dollars (près de 68,5 milliards de FCFA) au 30 juin. Conséquence, la compagnie a dû procéder à des mesures d’austérité : réduction de 10% du salaire de ses cadres, gel de certains émoluments, réduction de 40% de ses effectifs et du nombre d’expatriés au Cameroun, au Congo et réduction de 80% des contractuels.

Concernant son permis d’exploration au Cameroun qui expire le 27 juillet 2017, Sundances Resources indique lui-même qu’il doit investir un minimum de 1,63 milliard de FCFA au cours des deux prochaines années. Au Congo, l’investissement financier minimal devait être de 3,55 milliards de FCFA au 8 août 2015. Mais, note la multinationale dans son rapport, « Cam Iron et Congo Iron à proprement parlé ne sont pas légalement tenus d’investir les montants détaillés dans les permis d’exploration. Cependant, un échec pour réaliser ce minimum de dépenses d’investissements pourrait aboutir à la révocation desdits permis ».

Dans le même sens, un audit effectué le 30 septembre 2015 par des cabinets membres de Deloitte Touche Tohmatsu Limited, société de droit anglais, fait remarquer que Sundances Resources a subi une perte à cause du paiement d’impôts d’une valeur de 78,30 millions de dollars (à peu près 48 milliards de FCFA) au 30 juin 2015. « Ces indicateurs ainsi que d’autres affaires donnent matière à incertitude qui pourrait jeter un doute significatif sur l’entité consolidée et la capacité de la compagnie de mener ce projet et donc, l’entité consolidé et la compagnie pourraient ne pas être capables de réaliser ses actifs et cela décrédibilise ses capacités dans le cours normal du projet ».

Echec constant
 
Face aux multiples défaillances de Sundances Resources, l’Etat camerounais a dû rapidement chercher une solution alternative pour construire le terminal minéralier du projet Mbalam. Car, avec la création le 10 juillet 2015 d’une Commission spéciale ad hoc de sélection d’une entreprise chinoise pour ce projet par Philemon Yang, le Premier ministre, le Cameroun a repris ainsi en main un volet qui avait été confié, le 05 juin 2014 à Cam Iron. Le contrat avec, la filiale camerounaise de Sundances stipulait pourtant qu’elle devait boucler dans les six à neuf mois pour le montage financier du projet évalué à 3 900 milliards de FCFA dans ses différentes phases.

Engineering Procurement Construction, pour sa part, devait construire les 510 Km de voie ferrée reliant la mine de Mbarga au terminal minéralier de Lolabe à Kribi, ainsi que les 70 km de rails reliant la mine de Nabeba au Congo et le chemin de fer camerounais. Ceci pour permettre l’évacuation des 35 millions de tonnes de fer par an que doit produire Sundance Resources. La Commission créée par Philemon Yang doit conduire le processus de sélection de « l’entreprise chinoise la plus qualifiée techniquement et financièrement pour réaliser les travaux projetés ». A ce titre, elle est notamment chargée de réceptionner, dépouiller et analyser les offres des entreprises chinoises ayant manifesté un intérêt. Et d’élaborer la documentation contractuelle devant lier l’État aux institutions financières chinoises dans le cadre de la réalisation des infrastructures portuaire et ferroviaire du projet Mbalam.
 
Pour Hervé Atchom Ngagni, Project Support Manager à Camiron, la mise en place de cette nouvelle Commission est conforme à l’anonce faite le 30 juin 2015 par Giulio Casello, le directeur général de Sundances, qui déclarait que: « le gouvernement de la République du Cameroun a accepté de lever 100% des fonds du capital requis pour le rail et l’infrastructure portuaire, à travers un emprunt en Chine et si possible dans d’autres pays amis ».

En cédant le volet infrastructure à l’Etat camerounais, le Cameroun devient à 98% propriétaire du rail au détriment de Sundances qui va se contenter de 2%. L’entreprise australienne a aussi obtenu l’extension de son permis d’exploration jusqu’au 24 juillet 2017.
 

29.9.15

Cameroun: après Zingana, Bowleven découvre des traces d’hydrocarbures sur son puits Moambe


Cameroun: après Zingana, Bowleven découvre des traces d’hydrocarbures sur son puits Moambe
28 septembre 2015
La firme pétro-gazière britannique Bowleven Plc, a annoncé ce 28 septembre 2015 avoir découvert des traces d’hydrocarbures au terme du forage du puits Moambe, le 2ème à avoir été foré cette année sur la licence Bomono (après Zingana), qui couvre deux blocs de 2328 Km dans le bassin Douala au Cameroun. Le forage de Moambe, a-t-on appris, a atteint une profondeur de 1769 mètres.  Bowleven annonce par ailleurs que des tests se poursuivent également sur Zingana, le premier puits sur lequel des intervalles d’hydrocarbures ont été découverts en juillet 2015. Il s’agit principalement, apprend-on, de déterminer le niveau de productivité de ce puits, qui pourrait bientôt permettre d’approvisionner des centrales thermiques à gaz existants dans le pays.  En effet, Bowleven révèle qu’en marge des tests préliminaires ou plus approfondis en cours de réalisation, respectivement sur les puits Moambé et Zingana, des discussions sont en cours dans ce sens avec Eneo et Actis. Il s’agit pour le pétro-gazier britannique, en cas de tests concluant sur le potentiel gazier des deux puits sus-mentionnés, de pouvoir décrocher un contrat de fourniture du gaz au concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun.


20.7.15

La construction des infrastructures du projet minier de Mbalam confiée à la Chine

Le Premier ministre a publié un texte en vue de la sélection de l’entreprise qui devra construire le chemin de fer et le port de déchargement du minerai. Pour comprendre l’arrivée des Chinois


Le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang, a publié un arrêté le 10 juillet dernier, instituant une Commission spéciale ad hoc en charge de la sélection de l’entreprise chinoise qui devra réaliser les infrastructures du projet minier de Mbalam, à l’est du Cameroun, rapporte la presse publique ce mardi. 

Le texte a été publié peu après la signature, le 30 juin 2015 à Yaoundé, d’un accord d’étape entre le gouvernement camerounais et la firme australienne Sundance Resources.

Le groupe minier Sundance Resources a obtenu un permis d'exploitation du site de Mbalam avec les autorités camerounaises en novembre 2012, et a également signé en juillet 2014 une convention d'exploitation pour Nabeba, l'autre volet du projet, avec le Congo-Brazzaville.

Dans l’accord signé le 30 juin dernier, et parvenu à Journalducameroun.com, le gouvernement s’engage à apporter 100% des fonds nécessaires pour la réalisation des 580 kilomètres de chemin de fer nécessaires au transport du minerai de fer, depuis les sites d'extraction jusqu'à la côte Atlantique, et celle du port de déchargement de Lolabe au Cameroun. 

Sundance Resources se consacrera ainsi exclusivement à la construction de la mine de fer, et paiera un tarif pour utiliser les infrastructures ainsi construites. Cam Iron, la filiale de Sundance Resources au Cameroun, obtiendra 2% des actions dans ces infrastructures, en reconnaissance des investissements consentis à ce jour. 

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Les infrastructures du projet minier de Mbalam seront réalisées par une entreprise chinoise

A l’issue de la signature de l’accord conclu le 30 juin 2015, le gouvernement avait indiqué à Sundance Resources qu’il comptait financer les infrastructures avec des prêts chinois et ceux d’autres pays. 

Philémon Yang s’est rendu à Beijing le 20 juin 2015 à l’issue de signer certaines contrats avec le partenaire chinois. Il aurait, au cours de ce voyage, obtenu auprès d’Exim-Bank China, la garantie des financements attendus pour le projet de Mbalam. 

Le projet minier de Mbalam nécessite d’importants financements pour sa réalisation, à peu près 3900 milliards de F CFA dans toutes ses différentes phases. Les ressources minières du site sont estimées à plus de 775 millions de tonnes de minerai de fer.

Sundance Resources a obtenu un permis d’exploration du site jusqu’au 24 juillet 2017. 

D’après le texte signé par le PM le 10 juillet 2015, la Commission dispose d’un délai de 15 jours à compter de la constatation de sa composition pour rendre son rapport d’étape sur la sélection des entreprises chinoises assorti d’un projet de MoU au président du Conseil stratégique de négociation et de suivi des projets miniers structurants.