30.4.13

Industries Extractives: Le Cameroun hanté par l’échéance d’août prochain

Écrit par camer.be   
Samedi, 27 Avril 2013 22:14

petrole_camerLe pays de Paul Biya, après trois échecs, prépare assidûment l’examen de rattrapage et de dernière chance. En s’entourant d’instruments juridiques en vue de son accès comme « pays conforme » au processus de l’initiative de Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).Elles sont empreintes d’une opacité et restent accrochées aux relents du vice. Les données dans le secteur des industries extractives au Cameroun cristallisent encore tous les grands thèmes de la mal gouvernance : manque de transparence, informations surannées et non implication des communautés locales.

Ce secteur se révèle comme une énigme inquiétante, en même temps qu’il récuse la traçabilité. Le Cameroun a adhéré depuis 2005 à l’Initiative de Transparence dans les industries Extractives (ITIE), avec pour objectif de rentrer dans le club des pays « conformes », et couronner ainsi sa volonté de canaliser la dynamique inédite observée dans le secteur minier. En toile de fond, il y l’objectif d’émergence en 2035. Et si les textes juridiques et règlementaires existent, la rareté des contrôles et surtout des sanctions donnent toujours lieu à des attitudes et des réponses diverses face aux exigences de l’émergence. Depuis 2005, le Cameroun a publié deux lointains rapports gouvernementaux (2001-2004 et 2005) sur le pétrole. Les volumes et les chiffres aussi, délibérément sans les minerais, pour satisfaire aux exigences de l’ITIE. Après des débats houleux avec la société civile, le gouvernement a enfin inclus les mines solides dans le champ de l’ITIE. En 2010, les rapports 2006, 2007 et 2008 sont confectionnés dans cet esprit. En réalité, l’information dans ce processus est demeurée fort élitiste et connue par une petite poignée d’initiés.


De fait, le Cameroun ayant été recalé lors de son auto-examen (désigné par la validation du processus de l’ITIE) a  fait un effort sérieux en corrigeant les critères qui lui ont permis de passer de « pays candidat » à « pays proche de la conformité ».A trois reprises depuis 2001, l’instance internationale de l’ITIE, après examen sous 21 critères, a déclaré en février 2012 le Cameroun ajourné pour la dernière fois à cet examen pour août 2013. Les deux raisons majeures de cet échec sont à corriger, en l’occurrence la non déclaration de « tous les revenus significatifs » et la commission d’« erreurs systémiques » notamment, celles entraînant dans le rapport 2006 – 2008 une discordance dans les déclarations de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), de la Direction Générale des Impôts, de la Direction Générale du Trésor et de la Coopération Financière et Monétaire.
Épée de Damoclès
Depuis février 2012, le comité ITIE Cameroun a pris la juste mesure de la décision menaçant de disqualifier le Cameroun de ce processus en août 2013, s’il n’est pas déclaré « conforme » à cette exigeante norme internationale de gouvernance des ressources extractives. Et dans ce train d’efforts, un comité de suivi a été créé, prenant  ainsi en main les tâches du contrôle des politiques du gouvernement. Une démarche offensive qui s’occupe à remédier à tous les obstacles et à plaider vigoureusement pour la conformité dans le paradigme globalisant de l’économie, convaincue par ailleurs qu’aujourd’hui les richesses du sous-sol sont « un bien commun ».En début du mois d’avril courant à Yaoundé, le gouvernement a mis les bouchées doubles en impliquant directement la Chambre des comptes de la Cour suprême dans le processus. La Chambre des comptes est ici un évaluateur indépendant chargé de vérifier- en se référant aux règles de l’ITIE - que les entreprises pétrolières, gazières et minières reversent au trésor public tous les paiements requis. Autrement dit, elle participe à l’obligation de rendre compte et l’obligation de rendre des comptes.


En tant qu’institution supérieure de contrôle, la Chambre des comptes doit s’assurer que les comptes sont produits, bien plus, elle doit informer le peuple camerounais au nom duquel elle statue. L’ITIE offre une opportunité d’action avec la société civile. Celle-ci produit un effet de levier à la Chambre des comptes. La certification des recettes lui offre l’occasion d’exercer cette mission technique en utilisant les normes internationales qui sont sa source d’inspiration, bien que n’étant pas exigées dans ses travaux ordinaires. De ce fait, la Chambre des comptes s’inscrit dans la mise en œuvre de la résolution n° A/66/209 de l’Assemblée Générale des Nations unies adoptée le 22 décembre 2011 intitulée : « Rendre l’administration publique plus efficiente, plus respectueuse du principe de responsabilité, plus efficace et plus transparente en renforçant les Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques ».  Question de rayer la mauvaise gouvernance du champ de la gestion des ressources extractives et contribuer ainsi en tant que structure juridique aux contrôles et au développement de façon durable.

© integrationafrica.org : Jean-René MEVA’A AMOUGOU
 
 


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