mercredi, 03 décembre 2014 10:29
Onze ans après avoir obtenu le tout premier permis
d’exploitation minière du Cameroun le 11 avril 2003, Geovic Cameroun,
filiale de la junior minière américano-canadienne Geovic Mining Corp, a
abandonné son projet d’exploitation du gisement de bauxite, cobalt et
manganèse de Nkamouna, dans l’arrondissement de Lomié, région de l’Est
du Cameroun.
Selon
nos sources, les locaux abritant la direction générale de l’entreprise
au quartier Bastos à Yaoundé, ont été vidés et le mobilier entièrement
vendu. Sur le terrain, à Nkamouna, un employé de Geovic Cameroun
contacté par l’agence Ecofin indique que «Geovic
est en stand-by depuis environ un an. Ils ont même commencé à vendre
les engins stationnés à la base de Kongo (où devait être construite la
mine, Ndlr)».
L’information est confirmée par l’ancien maire de Lomié, Célestin Assama Mbongo, avec plus de détails : «Tout
est à l’arrêt depuis un an. Sauf le personnel de gardiennage de
l’entreprise est encore visible sur le site. Le reste du personnel
(environ 200 employés) est en congé. La déception est totale, parce que
nous avions fondé beaucoup d’espoir dans ce projet. On nous a plusieurs
fois rassuré que le projet va être lancé. Maintenant, on voit juste les
engins repartir».
«Les populations n’y croient plus»
Selon
cet ancien exécutif municipal de la commune de Lomié, Geovic Cameroun
avait pourtant trouvé un accord avec des investisseurs chinois, auxquels
il était question de céder ses actifs dans ce projet qu’il contrôle à
60,5%. «Entre
février et avril 2014, ces Chinois sont arrivés ici plusieurs fois.
Accompagnés des équipes de Geovic, ils sont descendus sur le site et ont
fait des prélèvements, et puis plus rien. En tout cas, plus personne ne
les écoute ici. Les populations n’y croient plus».
L’on se souvient, en effet, que le 23 juillet 2013, Geovic Mining Corp avait annoncé avoir signé «un accord définitif»
avec le groupe chinois Jiangxi Rare Metals Tungsten Group Holdings
Company Ltd (JXTC), à qui la junior minière américano-canadienne avait
décidé de céder la totalité de ses actifs sur le projet de développement
et d’exploitation du gisement de cobalt, de nickel et de manganèse de
Nkamouna au Cameroun.
«Cet
accord définitif représente un progrès significatif sur le chemin de
l’exploitation du projet de Nkamouna. Le développement du projet devrait
commencer dès que les financements seront disponibles et permettra la
création d’emplois et de diversifier l’économie camerounaise», avait déclaré le PDG de Geovic Mining Corp, Michael Mason.
«Geovic, une structure en pelure d’oignon»
Selon nos sources, ce qui avait pourtant été présenté comme «un accord définitif»
en juillet 2013 n’a finalement pas été respecté par les parties, la
Société nationale des investissements (SNI), bras armé de l’Etat
camerounais et porteuse des parts des opérateurs nationaux dans ce
projet minier (39,5%), n’ayant pas vu ses conditions respectées par le
partenaire chinois.
En
fait, ce dernier épisode n’est que le énième d’un long feuilleton fait
de promesses non tenues et d’annonces juteuses, qui, depuis onze ans,
entretiennent le rêve de plus en plus lointain de voir le projet de
Nkamouna finalement prendre corps. Des hésitations qui n’ont pas empêché
que l’action de cette entreprise ne cesse de grimper à la bourse de
Toronto, à cause des annonces répétées sur le potentiel sans cesse
réévalué du gisement de Nkamouna.
Mais
ces hésitations ont eu le don de créer la suspicion sur les véritables
objectifs de Geovic Mining, présenté déjà en 2008 par le journal Les Afriques comme «une structure en pelure d’oignon», dont «les
autres filiales sont soit inactives, soit nouvellement formées.
L’essentiel des actifs du groupe se compose donc de ses concessions
camerounaises».
Pour
rappel, le projet minier de Nkamoun a été évalué à 615 millions de
dollars US, soit environ 306 milliards de francs Cfa. Les réserves,
apprend-on, indiquent environ 121 millions de tonnes de ressources
minérales avec les teneurs moyennes de 0,23% pour le cobalt, 0,65% pour
le nickel et 1,35% pour le manganèse. D’après l’étude de faisabilité
bouclée en 2011, ce projet devrait générer 800 emplois directs et près
de 400 emplois indirects.
Brice R. Mbodiam
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